L’auteur est enfant lorsque la Première Guerre Mondiale éclate. Ce jeune Berlinois ne retrouvera jamais l’Allemagne d’avant guerre ni les vacances en Poméranie. Cette guerre si lointaine est irréelle, elle est un jeu avant de devenir une déception qui ouvre une période révolutionnaire, instable, violente, jusqu’à la nomination d’Hitler comme chancelier, le 30 janvier 1933.
Ce livre a l’intérêt de montrer les conséquences de la vie politique sur les hommes: bestialisation des uns, stupeurs des autres. On y découvre la vie sous l’hyper-inflation. On y découvre aussi une République de Weimar violente à l’égard des ouvriers, qui tombent par centaines au pied des pelletons d’exécution; à l’égard des pensionnais, des retraités, des chômeurs qui voient leurs traitements se réduire comme peau de chagrin; à l’égard des institutions nouvellement acquises.
« Le régime Brüning a été la première esquisse et pour ainsi dire la maquette de la forme d’un gouvernement qui a été imitée depuis dans de nombreux pays d’Europe: une semi-dictature au nom de la démocratie et pour empêcher une dictature véritable. »
Ce texte, écrit en 1939 n’a été publié en Allemagne qu’en l’an 2000, après la mort de Sebastian Haffner. Témoignage passionnant qui bouscule de nombreuses idées reçues. Une lecture salutaire qui raisonne comme un écho.